Danièle Godard-Livet

10 févr. 20212 Min

A la recherche du sublime à Givors

photo DGL(avec effacement rapide d'un poteau génant)

Léonie Pondevie est en résidence de création pour deux mois à Givors, lauréate de l'appel d'offre "résidence 5 étoiles" de Stimultania. C'est une jolie brunette de vingt quatre ans, en tenue de marcheuse mais discrètement maquillée, qui m' accueille sur la place de la mairie de Givors où elle m' a donné rendez-vous.

Dès sa première semaine de résidence elle a arpenté la ville en tous sens, rencontré des habitants, repéré tous les lieux d'un patrimoine disparu et s'avère être une parfaite guide pour me faire découvrir la ville.

De la cité des étoiles adossée aux ruines du vieux château, vers le Rhône, l'embouchure du Gier, le port pétrolier, le canal du Gier disparu sous l'A47, le grand bassin où s'organisait les joutes et dont il ne reste presque plus rien, l'ancienne verrerie dont ne demeure que la cheminée emblématique et ce qu'il reste des établissements de de Fives Lille.

Les friches industrielles occupent encore une grande partie de l'espace et sont petit à petit remplacées par des activités commerciales et de loisir : nous n'avons pas poussé jusqu'à Carrefour, mais nous avons traversé la cité de l'automobile qui a repris une partie des terrains vagues laissés par les usines disparues ; un cinéma est en projet (7 salles, 1200 fauteuils ) et une jolie promenade au bord du Gier où les fleurs de printemps pointent leur nez vient d'être ouverte. Au retour, les rues de la vieille ville sont bien mornes avec leurs immeubles inoccupés et leurs commerces fermés ( pas seulement à cause de la Covid).

notre parcours dans Givors

Nous n'avons vu qu'un petit morceau de la ville qui malgré le temps gris m'a paru attachante. Il y a de l'espace à Givors, on voit le ciel de partout, et si le trafic n'était pas si dense et bruyant, on ne verrait que les collines champêtres qui entourent la ville, les eaux du Rhône et du Gier et on entendrait partout des chants d'oiseaux.

la résidence des étoiles depuis le château

Bien sûr, j'ai cherché à "refaire" les photos de l'atlas des régions naturelles d'Eric Tabuchi (c'est comme ça qu'on apprend !) : la cheminée de l'ancienne verrerie et les tapis qu'on voit un peu partout aux balcons ou sur les barrières. On cherche où se placer en prenant comme point de repère le bâtiment orange (qui est celui des archives). il faut monter sur un petit remblai de cailloux. Je n'ai pas envie de cadrer la cheminée comme Eric Tabuchi car je suis encore pleine des lectures de Gilles Clément et que cette friche m'inspire.Léonie me parle focale et stitching, et j'essaie dès mon retour.

photo Eric Tabuchi

photo DGL

photo Eric Tabuchi

photo et stitching DGL

Léonie Pondevie a soutenu son mémoire de Master2 aux Beaux Arts de Lorient en février 2020 et regrette de n'avoir pas pu accrocher ses réalisations pour cause de confinement. Elle appartient au collectif nouveau document et j'attends avec impatience sa vision de Givors. Je n'ai pas complètement compris ce qu'elle entend par "sublime" bien que je me sois renseignée en rentrant. voir ici.

Une rencontre, c'est toujours une prise de risque et je suis pleinement satisfaite de cette rencontre, j'espère que Léonie aussi et merci à elle d'avoir joué le jeu. Léonie a un projet, une vision, mais elle se laisse bousculer par le réel, elle est travailleuse et efficace. Je suis sûre qu'elle débute une carrière prometteuse et j'ai très envie de retourner à Givors.

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