Le Canada a terminé en 2015 l'énorme travail entrepris par la Commission Vérité et réconciliation pour dénoncer les maltraitances infligées aux enfants des premières nations dans les pensionnats où ils avaient été "éduqués" de force. La commission a entendu plus de 38 000 personnes qui ont témoigné des sévices qu'elles avaient subis et pour lesquels elles seront indemnisées.
Mais, à peine les travaux terminés, une juridiction vote le droit à la destruction au bout de quinze ans, des témoignages enregistrés (sauf volonté expresse des intéressés qu'ils soient conservés).
La visibilité des sources, leur permanence et la facilité de leur consultation posent désormais des questions toutes nouvelles. La protection de la vie privée est un droit mais une société sans mémoire qui ne vivrait que dans l'instant présent est-elle souhaitable ?
Bien des questions qui prennent aujourd'hui une acuité particulière et dont s'emparent les juges et les chaires d'éthique. Je ne sais pas y répondre.
Mais en tant que généalogiste et biographe, je découvre dans les archives ou bien on me confie des choses ignorées ou dissimulées (enfants "naturels", métier subalterne, surnom infamant, dette, condamnation, histoire militaire ou politique, suicide...) et la question se pose de savoir qu'en faire. Parfois, il me semble que la révélation de la vérité aurait bien simplifié la vie des descendants ; d'autres fois, il me faut bien conclure que l'histoire, telle qu'elle a été racontée et transmise, est la seule acceptable.
C'est un dilemme que je rencontre presque chaque jour...et un bel objet de réflexion... qui me passionne bien plus que la psychogénéalogie.