J'aime rechercher le pourquoi des unions de mes ancêtres, avec l'hypothèse que les mariages de hasard ne sont pas la règle. Aujourd'hui encore, on rencontre son conjoint dans son milieu professionnel, par des amis, par proximité.
Voici ce qu'en dit l'INED aujourd'hui (qui distingue en plus premier partenaire sexuel et premier conjoint ! )
"En France, on ne rencontre plus son premier conjoint comme dans les années 1960. Le bal et le voisinage ont fortement décliné, cependant que les soirées entre amis (18%), les études (15%), les lieux publics (15%) et les boîtes et discothèques (11%) sont devenus les cadres privilégiés des rencontres. Malgré le développement de nouveaux moyens de communication dans les années 2000, Internet n’apparaît pas dans ce paysage des rencontres parmi les jeunes. Le premier partenaire sexuel est aujourd’hui généralement distinct du premier conjoint. Les études sont le premier cadre de rencontre du premier partenaire sexuel, plus souvent pour les hommes que pour les femmes (39% contre 25%). Ces dernières sont en revanche plus nombreuses qu’eux à rencontrer leur premier partenaire sexuel dans des soirées entre amis (15% contre 10%). Les lieux de la vie quotidienne (études, travail, lieux publics et voisinage) réunissent plus de 60% des rencontres pour les hommes, contre moins de 50% pour les femmes. Plus on est diplômé, plus on a de chances d’avoir rencontré son premier partenaire sexuel dans un cadre scolaire (le lycée généralement). Lorsqu’on est peu diplômé, les rencontres dans les lieux publics et les lieux de danse sont plus fréquentes."Source ined population et sociétés N°496 Janvier 2013
Beaucoup des mariages de mes ancêtres peuvent s'expliquer par autre chose que le hasard et le coup de foudre ; voici quelques exemples :
- 1775 le mariage Jeanne Cohas et Gilbert Godard : une histoire de vie et des intérêts communs qui conduisent un célibataire de 35ans entreprenant à épouser une veuve avec enfant couverte de dettes mais propriétaire ;
- 1804 le mariage des deux Lévigne Peronne et Annet Lévigne : le choix du patriarche qui a perdu son fils aîné et marie sa petite fille avec un cousin au 5eme degré ;
- 1846 le mariage de Marie Lévigne avec Pierre Sauzede : la découverte que fait un oncle grâce à ses propres relations pour sa nièce qui risquait de rester célibataire comme son frère et ses sœurs. Il faut bien gérer la petite propriété dont elle a hérité ;
- 1868 le mariage d'Antoine Godard, fils de Marie Roiret : le choix de la mère qui accepte tardivement le départ de ses fils (sa force de travail puisqu'elle a perdu son mari) et a sans doute trouvé une belle-fille docile pour son fils de 35ans ;
- le mariage de Jean Brière en 1871et de johannés Marie Godard en 1898, celui de Jean Godard avec Maria Guyonnet en 1923 : ces garçons qui ne peuvent reprendre la ferme familiale et acceptent de « faire gendre » dans d'autres familles ;
- 1898 le mariage des deux fils Godard avec les deux sœurs Brière : la sauvegarde du patrimoine et l'opportunité d'une famille qui n'a que deux fils de s'allier avec une autre qui n'a que deux filles ;
- 1900 le mariage de la tante Gal : la proximité de deux exilés à Lyon : une domestique venue du Puy-de-Dôme et un télégraphiste venu de Lozère ;
- 1923 le mariage d'Emma Cattelin et Isidore Jacquet : Présentés l'un à l'autre par le directeur de l'usine où ils travaillaient tous les deux ; un mariage vécu comme un déclassement par ma grand-mère qui avait perdu son amoureux à la Grande Guerre et épousera un garçon revenu vivant.
Il est intéressant de considérer aussi les causes des célibats qui ne doivent pas plus au hasard. Sur ces sujets, je vous renvoie au livre passionnant d'Elisabeth Claverie et Pierre Lamaison " L'impossible mariage. Violence et parenté en Gévaudan, 17e-18e-19e siècles"
Enregistrer