Pour mes amis québécois qui seront les seuls à comprendre
Selon la version officielle, la crise d’octobre 70 au Québec fut l’œuvre de factieux indépendantistes. Ils procédèrent à l’enlèvement de deux personnalités, conduisant le gouvernement québécois à faire appel au Fédéral pour l’application des mesures de guerre. Les séditieux exigèrent la lecture du manifeste du FLQ à la télévision, ce qui fut fait.
Le premier otage fut libéré contre l’exfiltration à Cuba de ses ravisseurs, le second otage tué par ses ravisseurs qui, retrouvés après une longue traque, furent condamnés à des années de prison.
Selon la version du négociateur Jacques Ferron appelé pour obtenir la reddition des frères Rose et de Simard, les kidnappeurs du ministre Pierre Laporte avaient des intentions politiques pures qu’ils ont payées très cher, bien plus cher que s’ils avaient procédé par cupidité à un détournement de camions de la Brinks, en comptant même le malheureux décès de convoyeurs zélés. Ils pensaient faire avancer l’histoire. Ils n’ont jamais dévoilé les circonstances de la mort de leur otage et sont restés unis pour en assumer les conséquences.
Selon la version du romancier Louis Hamelin, malgré les mesures de guerre et les perquisitions répétées de la maison d’à côté pourquoi n’a-t-on jamais découvert la cache des ravisseurs de Pierre Laporte ? Quel rôle a joué le livreur de pizza, cousin d’un ancien policier en cheville avec le milieu ? Qui avait intérêt à la mort de ce ministre gênant sous le coup d’enquêtes pour corruption ? Ses ravisseurs l’ont-ils tué ou au contraire déposé dans un endroit public pour qu’il reçoive des secours d’urgence après s’être gravement blessé au cours de sa tentative d’évasion ratée ? Une seule chose est sûre, le maintien indéfectible des bonnes relations entre Fidel Castro et Pierre Elliott Trudeau après l’exfiltration vers Cuba des révoltés... qui ne se sont d’ailleurs pas tellement plu à La Havane, malgré l’accueil princier (tous frais payés) qui leur a été réservé.
Selon la version du magicien du théâtre québécois Robert Lepage, octobre 70, " refus global" et manifeste du FLQ, c’est du passé que l’on regarde comme les vieux rêves de sa jeunesse qui ne se sont pas réalisés. Trop idéalistes, trop violents, absolument dépassés ! Du passé comme 887, le numéro de la rue qu’il habitait enfant.