Un titre mal traduit en français (En voiture Camille ), un film délaissé par Télérama (qui ne l'a tout simplement pas visionné) et pourtant un très beau film d'une jeune réalisatrice Bindu de Stoppani produit en 2017.
Frais, léger, délicat pour parler de sujets graves : la maladie d'Alzheimer, la condition des aidants, les pères absents pris par leur vie professionnelle au détriment de leur vie familiale.
Quelques touches suffisent à situer les personnages : la fille aidante un peu coincée, avec son col fermé et ses grosses lunettes, le père malade après une vie intense et hors normes, avec son Westphalia et son casque siglé PRESSE, le frère raisonnable, avec sa salle de gym et son whisky.
Deux scènes pour caractériser la situation de départ et montrer sa gravité : le père retrouvé de nuit en pyjama, de l'eau jusqu'à mi-jambes, cherchant quelque chose dans le bassin du jardin et le même retrouvé par la police tentant de prendre l'autoroute à contresens.
Trois scènes pour situer le récit dans le réel et lui donner de la cohérence : le licenciement de la fille et l'essai de placement du père en institution et voilà le road-movie parti pour la Bosnie, lieu des derniers reportages du père dont les traces sont restées dans ses archives (que sa fille essaie de reclasser) .
Quelques incidents en chemin et trois rencontres pour en savoir plus sur l'histoire et la psychologie des personnages et nous voilà conduits vers le dénouement. Un scénario parfait et économe servi par de bons acteurs (Anna Ferzetti, Luigi Diberti, Nicola Mastrobernardino, Alessandro Tedeschi). Une leçon de construction de scénario et un très bon moment.