S'il est des noms de villages que j'ai entendus dans mon enfance, ce sont bien ceux des villages du Beaufortain : Arêches, Beaufort, Hauteluce. Ma mère y avait été assistante sociale après ses études d'infirmière à Lyon à la fin de la guerre. Deux ou trois ans avant de se marier et de se reconvertir en mère de famille nombreuse. Elle en gardait le souvenir des déplacements à moto, des débuts de la protection maternelle et infantile, des cours donnés en école ménagère et de la découverte des débuts des sports d'hiver. Toute une histoire ! et des amitiés de toute une vie scellée pendant ses études et ses premières années de salariée ! Elle a longtemps gardé un petit cendrier en bois (avec une coupelle de métal) sur lequel était gravé Beaufort, perdu désormais !
Bien sûr, on parlait à la maison de l'engloutissement du village de Tignes (400 habitants expropriés en 1952) et de celui, moins dramatique et mieux négocié de Roselend (1960) (On dit que c'est grâce aux indemnités d'EDF qu'a pu se monter la coopérative laitière de Beaufort). On y allait en pélerinage en poussant jusqu'au col de l'iseran, et toute la famille installée en Auvergne consommait du fromage de Beaufort.
Il y a quelques années, je suis retournée à Beaufort avec mon mari. Nous nous sommes arrêtés au tabac-presse et j'ai demandé une carte "d'état major" (pour une carte IGN), essayé de parler à la vendeuse de ma maman assistante sociale à Beaufort autrefois. La pauvre n'avait pas trente ans et n'était sans doute pas la petite fille d'un bébé à qui ma mère aurait donné des conseils d'allaitement dans les années 50 ! Elle m'a regardé avec une bienveillance amusée, j'ai pris ma carte et nous avons continué notre route pour passer plus haut quelques jours au milieu des alpages, des marmottes, des tarines et des salles de traite en plein air (et mobiles) où l'on trait le lait qui donne le Beaufort. Je laisse la parole à mon mari qui l'avait raconté dans son blog. c'est ici
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