Le 19e siècle à Lissieu, dès la Restauration, c’est le siècle des châtelains qui ont tous une adresse à Lyon et un château à Lissieu, de nombreux domestiques et même une chapelle particulière pour le château de Bois-Dieu éloigné de l'église du village : Guyot, Durozier, Fleurdelix, de Charrin, Tourret, Perrin, Chavanis ; ils seront tous maires du village jusqu’à la proclamation de la 3e république1). Bien que la situation des agriculteurs se soit améliorée au cours du siècle avec des débouchés assurés pour leurs produits grâce à la proximité de Lyon, il n’est pas facile de survivre avec de très petites surfaces et de nombreux enfants ou quand on a que sa force de travail à vendre. On complète en louant les enfants comme domestiques, en se faisant tisseur ou nourrice, en changeant souvent de domicile au grè des embauches ou en partant pour la ville.
Si on connaît bien les châtelains, on sait peu de choses des agriculteurs qui vivent à la même époque.
Voici deux histoires de femmes originaires de Lissieu ou y ayant vécu qui doivent à leur malheur d’avoir été citées dans des journaux.
Le tissage et le départ vers la ville
Marie L.nait à Lissieu en 1816 (à la clôtre dans la maison des héritiers de Michel Salignat dont le couple est locataire), elle est la fille de Louise Charité et Pierre L.et la grand-tante de Laurent Charité, maire de Lissieu de 1884 à 1892. Elle est ovaliste, dur métier qui consiste à dévider les cocons ébouillantés pour en tirer le fil de soie, lui est journalier né à Gleizé et précédemment employé à Chasselay. C’est une enfant tardive dans un couple déjà âgé (ils sont mariés en 1807, lui a 52 ans et elle 39 ans à la naissance de leur fille. Ils ont déjà deux fils Laurent né en 1808 à Chasselay, Jean Baptiste né en 1812 à la clôtre) Le couple déménage à Civrieux d’azergues où meurt leur premier fils à 12 ans.
Marie épouse en 1836 à Civrieux d’Azergues Antoine L., ouvrier en soie qui habite Vaise, 6 rue des bains. En 1841, ils vivent à Lyon, rue des farges, en 1866 rue projetée des 4 colonnes. Il est fabricant d’étoffe et elle est ouvrière en soie. Ils ont deux enfants Claude et Claude Marie né en 1837 et 1841. Claude est militaire et fera la guerre de 1870. Voici ce qu'en disent les archives militaires de Vincennes :
L., Claude, né le 26 septembre 1837, Lyon (Rhône), 87e de ligne. —- Fracture des os du crâne, avec enfoncement de la région temporo-pariétale, éclat d’obus, Strasbourg, 27 septembre ; — Perte osseuse, cicatrice adhérente, profonde, otorrhée et perte de l’ouïe à gauche.L’État lui accorde, par décret du 28 février 1873, une pension pour invalidité, en même temps que 61 autres militaires, à l’issue de ses 13 ans de service, dont 5 de campagnes.
On perd sa trace ensuite.
Leur autre fils Claude se marie en 1874 à Vaugneray avec une veuve. Marie L. et Antoine L. vivent alors à Saint-Just au 6 chemin des grandes terres. Marie se pend en 1876 à Saint-Just. Antoine se pend en 1877 à Vaugneray où il vit chez son fils et sa belle -fille.
Le métier de nourrice
Jeanne Bouillot nait à la Clayette en 1840, fille de Claudine Bouillot journalière et de père inconnu.
Elle épouse à Genay en 1862 François Gillet né à La Tour de Salvagny et travaillant à Dommartin comme journalier. Ils ont déjà un enfant né en 1859 et en auront six autres. Lui rentre du service militaire.
Ils vivent à Bois Dieu de 1872 à 1887.Jeanne est nourrice et journalière agricole. Fran çois Gillet meurt à Belmont en 1889 à 51 ans. On retrouve Jeanne au bourg de Lissieu de 1891 à 1906. Elle est toujours nourrice, gardeuse d’enfants puis blanchisseuse.
En 1902, à 62 ans, jeanne reçoit une médaille.
Les châtelains de Lissieu ne furent pas totalement indifférents à la misère qu'ils côtoyaient. On trouve dans les archives des legs pour le bureau de bienfaisance. Il faudra cependant attendre la troisième république pour que soit organisée une politique envers la petite enfance (Loi Roussel de 1874) et la scolarisation des enfants (lois Jules Ferry en 1882)
1Et un peu après aussi…
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