Un conseil municipal de propriétaires
Au début de mes recherches, j'imaginais que le régime politique, le mode d'élection ou de désignation des maires et des conseillers municipaux avait un rôle sur la composition du conseil des responsables de la municipalité à Lissieu.
Malgré les nombreux changements de mode de désignation et de dénomination entre la première loi organisant les communes (14 décembre 1789) et aujourd'hui, Lissieu fait preuve d'une remarquable stabilité en gardant les mêmes à la tête de la municipalité ... jusque dans les années 1960.
Les mêmes noms vont revenir quel que soit le régime politique: des propriétaires, plus ou moins gros propriétaires mais tous propriétaires, et, y compris, lorsqu'il se présente au suffrage, le propriétaire du château de Montvallon , de la roue, de Bois Dieu ou des Calles1. Une dizaine de familles sur la trentaine de citoyens actifs que compte Lissieu lors des premières élections en 1790.
Ils ont pour noms : Rivoire, Ferlat, Salignat, Privat, Brisson, Gros, Reverdy, Coinde, Bony, Voisin, Pinet, Vianay, Saignan Duchamp, Bouchet, Vernay, plus tard Bail, Magniny, Thibaud, Briard, Charité, Chaffange, Dufournel, Bunand, Damour. Si l'un est remplacé, c'est qu'il est mort, qu'il a quitté Lissieu ou qu'il n'a que des filles, il faut alors chercher le gendre, le cousin ou l'acheteur .
Certains parmi les premiers élus ont été fermiers des chateaux du temps des seigneurs de Lissieu, mais Il faudra attendre les années 60 du 20eme siècle pour qu'un fermier devienne maire2. Ce sera Germain Giraud, maire de 1959 à 1971, et pas n'impporte quel fermier, il était fermier de Bois Dieu.
Le partage des communaux de Bruyère
Très vite, dès le 2 février 1791, le sujet du partage des communaux de Bruyère va se poser. Le texte est long mais il mérite d'être lu pour la beauté de son style et la qualité de son argumentation. Il a été prononcé par Jean Claude Saignan alors procureur de la commune de Lissieu
Messieurs l'objet de la convocation tient au bien général de notre paroisse, depuis bien des mois nombre d'habitants paraissent désirer la division des bruyères appartenant à notre commune que plusieurs d'entre eux sollicitent vivement; il est donc de mon devoir de vous communiquer les observations qui ont été faites à cet égard; elles sont simples et justes : quelques habitants seulement et limitrophes à ycelles en jouissent, ils y font paitre paisilement des bestiaux exclusivement à tous ceux à qui l'éloignement de cette faculté (en prive); comme l'impot foncier doit s'appliquer. sur tous les biens généralement quelqconques situés dans l'enceinte d'une commune, il leur répugne de cotiser pour un objet dont ils n'ont aucune jouissance et dont on pourrait tirer un avantage considérable, soit en particulier pour nos habitants soit en général en défrichant ces bruyères qui qoique ne soyant dans le moment actuel que très peu de choses présentent par leur nature et leur sol un espoir flatteur à l'agriculture
En effet messieurs 150 bicherées lyonnaises ou environ partagées également entre tous les habitants de notre paroisse et par eux mises en ordre de culture leur offrirait dans le moment même une ressource évidente et dans la suite à la Nation par l'impôt. ce partage selon moi doit être fait entre tous les habitants domiciliés dans notre paroisse à l'exclusion des forains qui n'ayant jamais eu qu'une jouissance tolérée dans les biens communaux ne sauraient s'opposer au partage, bien moins y prétendre une part parce qu'à la vérité il serait du dernier ridicule d'admettre un forain à un partage de biens communaux parce qu'il aurait une bicherée de fond dans une paroisse et qu'il serait de ce compris dans les rolles d'ycelle, il s'ensuivrait que si ce même particulier possédait dans dix paroisses une bicherée dans chaque où il y aurait également des biens communaux il pourrait otu à coup , avec ses dix bicherées, se voir possésseur d'un immeuble ce qui serait souverainement injuste car en effet les biens communaux n'appartiennent qu'aux communautés
Les biens ont-ils été partagés entre tous les habitants, ce que laisserait entendre la centaine de minuscules parcelles qu'affiche le cadastre napoléonien de 1824 pour la zone des Bruyères ?
Ou bien, seuls les citoyens actifs le reçurent-ils en partage comme le laisserait penser la dé libération de 1809 dans laquelle il est fait mention de 42 citoyens reclamant confirmation de la propriété acquise par le partage des biens communaux ? Il fut délibéré que la possesion serait confirmée à charge pour les bénficiares de faire établir les actes et de payer à compter de 1804 les redevances entre les mains du receveur de la comune.
Tout mérite d'être acquis et utilisé
Le 30 juin 1803, la commune est informée de la mort de l'hermite qui occupait l'hermitage des combes établi en 1701.Un certain Benoit Lamure, cy-devant hermite ou solitaire mort à Trévoux chez une parente nommée Manin.
On fait l'inventaire et on pose les scellés. Philibert voisin et jean Raymond rappellent qu'ils avaient des accords avec le dit hermite, l'un d'avoir fourni au dit hermite des pièces de bois six ans auparavant qu'il n'a jamais payé, l'autre qu'il taille toujours la vigne dudit hermite avec accord d'en recevoir la moitié de la récolte. Le citoyen Raymond est déclaré fermier à moitié d'une vigne qui appartiendrait désormais aux héritiers Chassaing.
On constate le mauvais état du bâtiment "où il pleut de partout" et, pour que les biens ne se perdent pas, on adjuge à la folle enchère les biens restants dont la somme sera remise au receveur du district :
- deux tiers années de vin avec sa fute qui est une feuillette à benoit Ferlat 23L 50
- un petit baignon de bois à Raymond 2L2
- trois mauvia spaniers osiers vert et une mauvaise paillasse à pain à Raymond1L2
- petite table carrée en bois noyer ses pieds tournoyés à jean Voisin 6L 15
- deux chaises de paille dont l'une a un coussin attache dessus à jean Saignan 2L3
- une mauviase bêche , un piochon, une pelle en fer ou raclée à Philipon 1L10
- une mauvaise pelle avec son manche à jean saignan 5 sols
- divers morceaux de bois à Raymond 10 sols
- un peu de paille à antoine Zacharie 10 sols
1Tous les propriétaires de château seront maires, à l'exception de O'Mahonny (Montvallon), Chaine (Les Calles, mais il sera conseiller municipal), Brosset (La roue au 20eme siècle, gendre de Perrin), Tous : Voisin, Tourret, guyot de Lissieu, Durozier, de Charrin, Fleurdelix, Perrin, Amédée Chavanis, Henry Chavanis.
2Pour les femmes, ce sera ausi très tard 1945 pour la première femme conseillère municipale et et 2020 pour la première femme maire
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