Quel terme choisir en temps de pandémie ?
- Danièle Godard-Livet
- 16 mars 2020
- 2 min de lecture

Confinement, distanciation sociale, isolement, quel terme choisir?
Confinement est un mot tellement connoté qu'il est sans doute le plus mauvais. Etre confiné, c'est manquer d'oxygène...au point que tout le monde s'est rué dehors dès que le soleil est apparu sur le mode "Fuyons les milieux confinés. Dehors, à l'air libre, je respire et je ne crains rien" !!!!
Confinement, on l'emploie aussi pour le nucléaire et les explosifs, pour réduire le risque de dissémination des produits radio-actifs ou pour augmenter la dangerosité d'une explosion. Pas rassurant et ambigu !
Distanciation sociale est certainement le terme le plus adapté, car c'est cela qu'il faut faire : se tenir à distance des autres ! Prenez la mesure et vérifiez que c'est beaucoup un mètre, plus loin que le bout de votre bras si vous êtes de taille moyenne. Plus loin que la distance que vous maintenez généralement en société avec vos proches ! La distance sociale est un concept apprécié par les coach en tout genre et bien connu des spécialistes du langage non-verbal. Pourtant quel terme atrocement technocratique et difficile à prononcer que ce distanciation sociale, récemment apparu.
Isolement n'aurait-il pas été le meilleur mot ? On l'emploie pour le feu et l'électricité, deux dangers auxquels les humains sont adaptés depuis longtemps, dont ils connaissent les risques et dont ils sont coutumiers des mesures de prévention. Mesures de prévention dans lesquelles ils ont confiance ! Isolement évoque la mesure punitive, ce qui plaide en sa défaveur, mais c'est aussi le mot qu'on emploie pour séparer, isoler la substance active du milieu contaminé. Isoler pour y voir clair, identifier et agir.
Je ne sais si nos spécialistes des éléments de langage et du langage performatif ont réfléchi aux mots qu'ils devaient employer pour obtenir les effets escomptés. Sans doute moins que lorsqu'ils préparent des campagnes politiques !
Isolons-nous, restons chez nous et lavons-nous les mains ! Et puis lisons La peste mais aussi le si beau Hussard sur le toit !
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