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  • Danièle Godard-Livet

Eugénie crée son emploi 7 (suite)


Tallinn google streetview

Et Agathe, me direz-vous ?

Et bien Agathe c’est moi et je suis capable de raconter toute seule mon histoire. Mes parents, j’ai tout fait pour ne pas être comme eux, drogués aux réseaux sociaux, attachés comme des bêtes à la production de contenus, obligés de passer par toutes les lubies de leurs partenaires et jamais laissés en repos par les exigences et les critiques de leur communauté. Toujours entre deux valises et deux aéroports et pas si extraordinairement riches que ça. Ils sont d’abord partis à Malte, maintenant ils ont déménagé à Tallin pour les impôts. Tu imagines comme ils sont heureux à Tallin (tu ne sais même pas où c’est, non ?)

Avant 15 ans, c’est vrai que j’ai eu une petite tentation : gagner ma vie comme pro-gamer. Je leur ai demandé de me payer une école la Power Gaming House à Mulhouse. Mon beau-père a accepté malgré sa détestation de l’e-sport. Pour lui, il n’y a que le muscle, un fou de l’entrainement comme ma mère qui est devenue une dingue du design d’appartement.

La Power Gaming House, ça m’a trop dégoûtée ; en plus on devait faire le ménage, tu t’imagines. Tu sors de la maison de ta maman où rien ne dépasse et tu te retrouves dans des salles qui puent la sueur, le coca de mes frites Mc Do, des mecs qui ne se lavent jamais et jouent H24. C’était pas possible. Je suis partie en cours d’année et ils m’ont retrouvé une place dans un cursus classique.

Une école de commerce comme mon père ; ça donne quand même des bases et ça fait sérieux dans le CV. Et puis j’ai retrouvé par hasard M. R., un fils de paysan des environs de Chalon-sur-Saône qui venait voir mon père à St Cyr-le-châtoux et qui vit maintenant en Estonie. « Millionnaire à 29 ans après avoir mangé du caillou » comme il se décrit lui-même. Il m’a pris sous son aile, m’a aidé à m’inscrire dans ses communautés d’entrepreneurs (incubateur56 (100000 € de CA) puis Mastermind 67(le Million de CA) et j’ai gravi les échelons : ma boutique Shopify, mes formations, les paris sportifs, le bitcoin, l’immobilier locatif. J’en suis là. Je commence à en vivre très bien (sans resentir d'urgence à m'expatrier) et je suis heureuse de suivre les traces de mon père. Mon shop vend des formations de relooking pour dames fortes, des vêtements pour dames fortes et des produits de régime (c’est important d’avoir une gamme qui touche les prospects à différents niveaux de leurs envies). Le relooking a été le premier business de mon père et dans la communauté beaucoup se souviennent de lui et m’en parlent, cela m’encourage beaucoup. Je suis heureuse aussi de combiner virtuel et réel, c’était l’avenir que prédisait mon père. Et avec ce fils de paysan de MR, grandi à la ferme, je ne risquais pas d’oublier le concret, le solide, la constitution d’un patrimoine et jamais tous les oeufs dans le même panier. "C’est dans leurs gènes", disait papa.

Maintenant, j’ai envie de faire une pause. Je vais avoir vingt-cinq ans et un break s’impose. J’ai des craintes par rapport aux restrictions du streaming, des vols aériens et de plein d’autres choses. J’ai visité les entrepôts d’Alibaba et certains des producteurs d’objets que l’on vend via shopify, les conditions de production et les délais sont révoltants, encore plus quand on pense que nous commercialisons 20 fois plus cher et encaissons toute la marge sans rien faire.Je doute de plus en plus de la qualité de mes produits diététiques que je n'ose même pas goûter. La communauté d’entrepreneurs m’a confié une conférence sur ces thèmes dans nos conventions, mais c’est difficile de sensibiliser.

Je retourne souvent à St Cyr-le-châtoux et j’envie parfois ma grand-mère qui a largement dépassé les 90 ans et cultive toujours son potager et élève ses poules avec les collapsologues qui sont toujours là et se souviennent de la grande époque des séminaires de remise en forme.

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