Nicolas Florentin (1783-1856) né à Jarny (Meurthe et Moeselle) vivait à Lissieu (Montluzin) avec ses deux nièces Adèle et Félicité Rose Lescanne, filles de Françoise Florentin et Jean Louis Lescanne mariés en 1813 à Giraumont (Meurthe-et-Moselle), résidant à Jouaville où Jean Louis était cordonnier et où étaient nées Adèle et Félicité Rose.
Rose meurt à Lissieu en 1845 à 26 ans.
Adèle épouse en 1851 à Lissieu Jean Claude Damour (1829-1900), un Lissilois de souche fils de jean Damour1 et Marie Duchamp mariés à Lissieu en 1819 ; le contrat de mariage est passé chez Me Joannard notaire à Chasselay et le couple s’installe à Montluzin chez l’oncle d’Adèle. Adèle meurt trois ans après son mariage en 1854 à 39 ans sans laisser d’enfant à Jean Claude, mais des biens évalués à 600F produisant un revenu annuel évalué à 480 F. En 1856, à la mort de l’oncle Nicolas, c’est Jean-Claude Damour qui déclare son décès en tant que neveu.
Jean Claude se remarie en 1855 à Marcy sur Anse avec Madeleine Guy de onze ans sa cadette avec qui il aura trois enfants . Ils demeurent à Montluzin et ont deux domestiques.
Je me suis longtemps demandé ce que venait faire à Lissieu ce Nicolas Florentin originaire de Meurthe-et-Moselle, c’est Guy Damour qui m’a apporté la réponse : il était stationnaire de la station du télégraphe Chappe établi à Limonest de 1807 à 1837 sur la ligne Paris-Lyon à l’entrée du village, en haut de la route de la Garde, face à la Sablière et clairement indiquée sur le cadastre napoléonien.
Limonest était relié à Marcy-sur-Anse au nord et Lyon Saint-Just au sud.
Nicolas Florentin avait-il exercé à Marcy sur Anse ou à Limonest avant de prendre sa retraite à Lissieu ? Avait-il eu une carrière de militaire avant (il avait 20 ans en 1803) comme c’était souvent le cas pour les stationnaires ? on ne le saura sans doute jamais. Il n’est pas noté sur la fiche patrimoine de la mairie de Limonest qui précise :
« Deux stationnaires s’y relayaient du lever au coucher du soleil. En 1812, Antoine Lardet est l’un des deux employés du “Thélégraphe”, par acte devant notaire, il remplace Barthélemy Duchamp de Marcy-sur-Anse pour le service militaire. En 1836, Claude Javel (42 ans) et Benoît Lamy (44 ans) y travaillent. L’histoire du télégraphe à Limonest est marquée par le 10 avril 1834, lors de la révolte des canuts, ceux-ci montent à Limonest et détruisent le télégraphe ; mais cela n’empêche pas la transmission des dépêches, le préfet Gasparin envoyant ses messages au ministre de l’intérieur à partir du poste de Marcy, protégé par un détachement de la garde nationale.En 1837, pour des raisons de visibilité…, la station est transférée à Dardilly avec un relais à Écully. La télégraphie aérienne est abandonnée vers 1855. En 1861, la tour de Limonest est vendue à Gabriel Gonin qui en fait don à l’Église pour ériger une croix que l’on peut toujours voir. » source http://www.limonest-patrimoine.net/fr/index.php?page=lp_tel_fr
Ce que l’on sait en revanche, c’est que Nicolas Florentin occupait un poste stratégique sans doute de la même importance que celui de maître de poste chargé de la rapidité et de la ponctualité des diligences. Ceci expliquerait sa relative aisance et l’héritage qu’il a pu laisser à sa nièce et son neveu. Le télégraphe Chappe avait considérablement réduit le temps de diffusion des nouvelles : alors qu’il fallait encore 108 h pour aller de Paris à Lyon en 1800, le télégraphe Chappe ne demande qu’une heure ou deux pour transmettre une nouvelle entre Paris et Lyon2.
La tour du télégraphe Chappe de Marcy-sur-Anse a été totalement restaurée en 2022. On peut la visiter, puis aller jusqu’à la croix de la sablière à Limonest en faisant un arrêt à la maison Damour de Montluzin près de l’arrêt du 21.
*Claude Chappe (1763-1805) est l’inventeur du système de télégraphie aérienne, une transmission de signaux à vue, de tours en tours, utilisant des bras articulés dont les 98 positions permettaient d’envoyer des messages codés. https://fr.wikipedia.org/wiki/T%C3%A9l%C3%A9graphe_Chappe
1Sans doute est-ce à ce Jean Damour que de Charrin acheta en 1853 un terrain pour agrandir le cimetière autour de l’église et lui concéda une concession de 25 ans dont les barrières furent supprimées comme celles de la concession perpétuelle de Charrin-Fleurdelix cent ans après.
2La révolution des transports et l’accélération de la France Christophe Studény https://books.openedition.org/pur/102180?lang=fr
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