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Photo du rédacteurDanièle Godard-Livet

"Sa Majesté des mouches", une autre vision de l'effondrement


île tropicale Bahamas

Il y a des livres qu’on hésite à lire malgré les critiques élogieuses, malgré le prix Nobel de l’auteur. « Sa Majesté des mouches » a fait partie de ceux-là pour moi ; il était dans ma bibliothèque, en folio junior, ce qui était une raison de plus de ne pas y toucher. Pourtant il faut lire « Sa majesté des mouches » paru en 1954 et qui n’a pas vieilli d’une virgule.

Un groupe d’enfants se retrouve isolé sur une île tropicale déserte (à la suite d’un accident d’avion, mais cela n’a pas beaucoup d’importance). La mer est chaude, le sable fin, il y a des fleurs, des oiseaux, des papillons et les arbres donnent des fruits à profusion. Il y a les grands Ralph, Piggy, Simon et Jack et une foule de petits que les grands n’arrivent pas à compter parce qu'ils jouent tout le temps. Tout commence par des meetings rassemblés au son d’une conque et par l’élection d’un chef, ce sera Ralph. On décide de faire un feu pour être secouru et des cabanes pour s’abriter ; les lunettes de Piggy le petit gros binoclard, asthmatique de surcroit servent à allumer le feu. Et puis tout va déraper : ce sont toujours les mêmes qui travaillent ou gardent le foyer, les règles minimales ne sont pas respectées comme la place des toilettes, la peur d’un monstre va s’en mêler, Jack va vouloir être chef à la place du chef et deux clans vont se former. Celui des chasseurs peinturlurés qui tuent les sangliers et protègent leur forteresse de pierre et les autres dont le groupe ne cesse de se restreindre. Les plus sages mourront. À la dernière page, la marine anglaise découvre l’île aux enfants et le roman se termine.

L’effondrement vient des passions humaines qui se déchaînent (non-coopération, refus des règles, peur, goût du pouvoir, entrainement par la violence collective) bien plus que des conditions de survie, certes précaires, mais suffisantes. Un texte à relire quand on se soucie plus de la disparition de l’électricité, des réseaux et de la biodiversité que des conditions de maintien du vivre ensemble. Attention, c’est un livre très anxiogène parce que très réaliste et je me demande si les enfants d’aujourd’hui pourraient le lire sans faire des cauchemars, même ceux qui sont habitués aux zombies et autres revenants, aux meurtres en série et aux flots de sang.

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