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  • Danièle Godard-Livet

Mon protocole, c'est l'air du temps


Il y avait ce matin un air délicieusement frais et léger, l’air d’un matin comme en fait le mois d’août après le 15, quand s’annonce la rentrée. Un air qui rappelait celui du col de la République en septembre lorsque nous rentrions des vacances à la mer et que les plaques de chocolat oubliées sur la plage arrière durcissaient à nouveau, bonnes à être mangées. Il y avait toujours des colchiques dans les prés, celles auxquelles les vaches lentement s’empoisonnent.

Toute cette nostalgie m’a donné envie de faire étape au Puy D’or, arrêt du 21, mais aussi restaurant autrefois renommé sur la nationale 6, aujourd’hui disparu remplacé par le boulanger Paul. En venant de Paris, avant l’autoroute, on passait au Puy d’or comme cette famille qui y raconte sa halte en 1968.

(carte et récit trouvé sur Nationale 7.com, un site de passionnés de trajets sur les nationales 6 et 7 en voitures d’époque qui se donnent rendez-vous aux points stratégiques pour reproduire les bouchons légendaires. Pour en savoir plus : http://routenationale7.blogspot.com/2013/11/carte-postale-de-limonest.html)

« Mon cher Daddy, Ma chère Mamy (...) Depuis notre carte d’hier postée au Bourget, nous avons fort bien roulé. Partis du Bourget à 17 h 10, nous étions à l’autoroute Sud à 17 h 50, et à Chagny à 21 h 30. Fin de parcours très pénible, camions, virages et beaucoup de circulation en sens inverse. Mais un excellent diner à 10 h du soir chez Lameloise dans un décor qui a beaucoup de succès auprès des filles. Départ ce matin de Chagny à 9:30 et arrivée sous la pluie à Champagne au Mt Dore à 11 h 45. Voyez que nous roulons bien... Fin de déjeuner, le ton monte ! Et la pluie descend. Nous pensons beaucoup à vous (...) »

L’ancienne terrasse existe toujours, mais il s’agit maintenant d’une salle fermée par des vitrages. Devant, sous un gros platane, une petite terrasse abritée de la circulation par des haies de troènes. On est presque sur le rond-point. J’y rencontre deux amies qui me disent y venir presque tous les jours même en hiver, papoter et prendre un café. Délicieusement bourgeoises, maquillées, bijoutées, elles hésitent à se laisser photographier puis cèdent de bon cœur. Nous parlons de tout et de rien, de la vie qui réserve des bons moments et d’autres moins, du prix des armoires normandes qui ne se vendent plus du tout, de la très bonne boulangerie des Chères qui réussit si bien les tartes fines. Il y a tant de bienveillance dans leurs sourires

.Elles ont connu le restaurant créé par le père, repris par le fils. On y mangeait bien, du gibier en automne. Le fils était étoilé et les prix avaient beaucoup augmenté. Avec l’ouverture de l’autoroute A6, la clientèle avait sans doute changé. Un restaurant qui a brûlé plusieurs fois.

Le dernier incendie lui a été fatal. Le restaurant a fermé en 2012.

Je remarque que la carte postale de Limonest est datée du 17 août 1968, il y a exactement cinquante et un ans.

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