
Sally Rooney est irlandaise; à 33 ans, elle publie son quatrième roman "Intermezzo".
Elle est traduite en 40 langues, affiche 6 millions d'exemplaires déjà vendus, réclame des droits d'auteur si élevés que l'Olivier son premier éditeur en France a jeté l'éponge pour la laisser partir chez Galimard. Deux premiers romans déjà transformés en série : Normal people et Conversation entre amis, et des critiques dithyrambiques de En attendant Nadeau, au Monde et à Libération, jusqu'à Finkelkraut ! (qui reste pourtant un bon lecteur malgré tous ces autres défauts)
Cela m'aurait sans doute laissée indifférente si Sally Rooney n'était pas présentée par les critiques comme la Jane Austeen des millénials, le phénomène littéraire de la décennie, se disant elle-même très influencée par "Entre les actes" le dernier roman de Virginia Woolf. De plus se disant marxiste, sensible aux enjeux environnementaux, au féminisme et au sort des gazaouis.
J'ai plongé ! Pendant une semaine !
Et j'ai lu deux romances, bavardes 349 pages pour Où es-tu monde admirable ? 459 pages pour Intermezzo, montées à peu près de la même manière : Deux personnages jeunes (deux amies dans l'un, deux frères dans l'autre) qui cherchent l'amour dans le monde d'aujourd'ui. C'est compliqué, mais ça se termine bien. Voilà, c'est tout !
On croyait découvrir comment les millénials résolvent leur inadaptation intime à la complexité du monde. On ne trouve rien de nouveau sous le soleil et même une attention aux regards des autres qu'on croyait disparue.
Certes Sally Rooney a étudié la littérature et a été champoinne de débats universitaires, sait se servir de tous les procédés (discours indirect libre, flux de conscience, dialogues, réalisme quasi cinématographique, phrases nominales et absence de ponctuation ) , a des références littéraires de haut vol et de plus sait insérer quelques scènes de sexe assez explicites (qui sont sa marque de fabrique disent les critiques). C'est fluide tout en manquant beaucoup de concision. De plus nulle ironie, nul humour, pas vraiment de critique sociale et un lecteur pris au piège de la caméra de vidéosurveillance que Sally Rooney braque sur les interactions de ses personnages qui ne voient à peu près rien de ce qui se passe en dehors d'eux (eux qui lui ressemblent tellement qu'on imagine souvent une autobiographie romancée).
Si les critiques continuent à l'encenser, des lecteurs disent leur ennui. C'est un drole de personnage que cette hyper-douée qui déteste perdre, accorde des interviews au compte-goutte, écrit à toute vitesse et est devenue la créature des éditeurs et la chose des critiques et autres influenceurs (eux-mêmes choses des éditeurs ?). Drôle de monde ! Qui m'a fait perdre une semaine de lecture.
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