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  • Photo du rédacteurDanièle Godard-Livet

Quand Louis XVIII demanda cent millions aux communes


liquidation des 100 millions
extrait des registres de Marcilly d'Azergues 1817

En ce début de 19e siècle Lissieu a bien des soucis : ses chemins vicinaux que l’empereur lui demande d’améliorer et en particulier ce pont du ruisseau des Gorges qu’il faut absolument réparer. Elle vient aussi à manquer de curé et en 1811 le préfet suggère de transformer l’église de Lissieu en annexe de Marcilly. Marcilly nomme deux commissaires pour mener l’enquête et accepte à condition que Lissieu paye la moitié du loyer du logement du desservant. Lissieu accepte « n’ayant qu’une église isolée dans l’enceinte de sont ancien château et étant un pays parsemé de bois n’ayant que des hameaux épars sans chef-lieu, son principal hameau nommé Bois Dieu n’est qu’à trois quarts de lieu de Marcilly* ».


Mais l’abdication de Napoléon n’apporte pas que de bonnes nouvelles pour la commune de Lissieu et les communes avoisinantes, mais également pour toutes les communes françaises occupées ou non par les troupes alliées

Le 20 mars 1814 se déroule la bataille de Limonest, Français contre Autrichiens, qui se déroule en partie sur la commune de Lissieu, que la France va perdre et qui conduira à l’occupation de Lyon où les troupes autrichiennes resteront jusqu’en juin 1814 ainsi qu’à Lissieu et des les communes avoisinantes.

Le 12 avril 1814, Napoléon abdique. Louis XVIII devient roi de France.

Le retour de napoléon, l’épopée dite des cent-jours, la défaite de Waterloo conduiront à la seconde abdication le 28 juin 1815 et à l’occupation du territoire jusqu’en novembre 1815.


La France a de lourdes dettes « les cent-jours les plus chers de la France » ; elle est en plus condamnée à payer :

– 700 millions d’indemnités de guerre

– l’occupation de la France par une armée de 150 000 hommes

– le paiement des sommes dues par la France au fil de ses occupations à l’étranger avant 1814-1815


En 1816, les départements et les communes sont mis à contribution pour 100 millions qui s’ajoutent aux réquisitions qu’elles ont subies en 1814 et 1815. Ces contributions exceptionnelles seront en partie remboursées par l’État en 1817 et 1818 lors du rétablissement des finances de l’État1 et la préfecture demande aux conseils municipaux d’en programmer l’utilisation.


Pour Lissieu et ses voisines (Marcilly et les Chères) dont le budget annuel ne dépasse pas 400 F, soit 5 centimes additionnels, c’est un effort considérable (1/3 du montant total des impôts + un rôle exceptionnel de 94 centimes additionnels)

Lissieu souhaite affecter le remboursement des 100 millions au remboursement des réquisitions de 1814 et 1815 qu’elle a subies, un petit excédent de 83 F étant réservé au paiement des sommes dues pour la réfection du pont du ruisseau des Gorges sur le chemin tendant de Marcilly à la Préférence dont Lissieu partage le coût avec Marcilly.


La commune de Marcilly dont les comptes sont plus clairement présentés et dont le budget annuel est sensiblement le même que celui de Lissieu (399 F), les habitants font abandon de leurs créances sur l’emprunt de 100 millions « à condition d’en faire un emploi utile en faveur de la commune, on ne peut mieux remplir leur intention qu’en assurant un logement à Mr le desservant ». La commune demande l’autorisation de vendre les créances et de consacrer les intérêts à l’achat du presbytère ou d’un terrain pour en construire un autre étant entendu que Lissieu continuera à en payer la moitié du loyer.


La commune des Chères sensiblement de même taille et ayant eu aussi des dépenses conséquentes à l’occasion du passage des troupes, investit dans la réparation de l’église, l’achat d’ornements et d’une cloche et d’une clôture pour le cimetière, la constitution de réserves et demande à produire un rôle supplémentaire d’imposition en cas d’insuffisance de rentrées.


En comparaison de ses voisines, Lissieu n’apparaît pas à son avantage : comptes mal présentés, conseil municipal particulièrement frileux à augmenter les impôts, souvent prêt à implorer les autorités pour baisser ses charges et mauvaise payeuse (de son garde champêtre et du loyer du presbytère qu’elle partage avec Marcilly2). C’est en vendant des terrains communaux qu’elle envisage l’achat du presbytère qui servira aussi de maison commune, projet qu’elle murit depuis 1807 où elle avait déjà émis le vœu d’acheter la cure et son jardin pour 3700 F à Jean Marie Mignard qui l’a acheté de la nation pendant la révolution.

En revanche la très royaliste Marcilly qui a applaudi au retour des Bourbons dès le 19 avril 1814 lors de la première abdication de l’empereur se voit allouer un secours extraordinaire de 300F sur la liste civile du roi aux personnes qui ont le plus souffert de la guerre.


C’en est bien fini de la Révolution et de son idéal d’égalité. Et Lissieu ne sait pas jouer avec l’argent, les créances et les taux d’intérêt ; elle s’accroche à ses terres et répugne particulièrement à imposer ses propriétaires. Elle n’est pas aidée non plus par ses plus gros possédants : aux Chères et à Marcilly, ce sont les maires qui ont fait certaines avances pour les réquisitions, à Lissieu sans doute pas.


* ce sont les commissaires de Marcilly qui parlent

1Les métamorphoses de la dette publique dans la monarchie des Bourbons 1814-1830 Francis Démier Institut de la gestion publique et du developpement économique https://books.openedition.org/igpde/6137?lang=fr#bodyftn15





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