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  • Photo du rédacteurDanièle Godard-Livet

16 mai 2020 -16 mai 2022 : tentative de bilan


formulaire rempli du 17 mars 2020
formulaire d'attestation de déplacement dérogatoire

Il y a deux ans c'était le déconfinement !

Cela semble hier ou cela semble très lointain. J'ai retrouvé dans mes archives une photo de cette attestation dérogatoire de déplacement qu'il a fallu remplir pour chaque sortie (avant qu'elle ne soit sur l'appli tousanticovid).

Qu'on s'en souvienne ou qu'on ait tout oublié, j'ai eu envie de faire mon bilan personnel de ces deux ans qui m'ont semblé du temps immobile et volé. Même si je n'ai pas été touchée par le virus ni de près, ni de loin, même si en tant que retraitée, je n'ai subi aucune conséquence financière. j'ai subi comme tout le monde les voyages annulés, les visites reportées, zoom pour toute interaction, arrêt de la pratique et de l'enseignement de l'aïkido et du Qi Qong.


Mais surtout :

  • Combien de collègues (de sport, de jeu, de pratiques diverses...) perdus de vue ?

  • Combien d'associations en sommeil par défaut de bénévoles, de possibilités de réunions ?

  • Combien d'amis perdus pour divergence d'idées, d'appréciation sur les mesures gouvernementales, d'élucubrations sur le virus et les moyens de l'éradiquer ?

  • Combien de conflits familiaux sur le comportement à adopter à l'occasion des fêtes (test, masque, vaccin, bises ou pas) ?

  • Combien d'amis délaissés, d'invitations impossibles, de relations distendues ?

J'ai l'impression d'avoir perdu tous contacts et compétences sociales, de n'avoir fait de rencontres que grâce à internet, d'être devenue une sauvage sur son île.


J'ai abandonné mon projet photographique sur les jardins collectifs et je ne suis plus retournée voir les jardiniers avec lesquels j'avais commencé à discuter avant le 16 mars 2020. Je n'ai plus été invitée chez Paulus à me faire raconter l'histoire de Lissieu et je n'ai même jamais eu l'occasion de lui présenter sa généalogie que j'avais patiemment établie (avec celles d'autres familles de Lissieu). J'ai achevé un roman auquel je n'ai même pas trouvé de titre (S'inventer peut-être ?) et je l'ai abandonné dans mon disque dur.


Certes, j'ai continué à lire, à écrire, à faire des photos, à tenir mon blog, j'ai appris des choses sur l'enregistrement et le montage de fichiers audio ou vidéo et même créé ma chaine YouTube ; j'ai participé à sept* livres collectifs qui ont été publiés et sont en vente sur amazon, mais j'ai perdu l'envie d'en parler. Je n'ai même pas fait la publicité de Mes vacances sur la ligne 21 des TCL paru juste avant le confinement.


Certes, nous avons fait de beaux voyages avec des amis proches (un des avantages du camping-car en période de pandémie) et dans beaucoup de lieux vidés par le virus. Nous avons aussi agrandi notre potager, sans véritable projet d'autosuffisance, pour s'occuper.


Pendant ces deux ans j'ai fait aussi des choses que je n'avais jamais faites (ou si peu), des choses "politiques" : défendre mes convictions face aux destructions patrimoniales et écologiques en m'insurgeant contre le massacre du bois de Montvallon et celui des bâtiments agricoles de la Buchette. J'ai même participé à des commissions mises en place par la municipalité (communication et environnement). Je n'y ai trouvé ni chaleur, ni débat, rien de ce petit déclic d'humanité qui vient de la rencontre avec un autre être humain. Rien que des contacts fonctionnels, réservés, efficaces (pas vraiment en plus) et la sensation de ne pas compter, de n'être rien qu'une adresse mail qu'on convoque mais qu'on n'écoute pas. Dans cette sècheresse relationnelle, une mention particulière à notre nouveau bibliothécaire Fintan qui s'est efforcé d'insuffler un peu de chaleur.


Je m'en suis d'abord culpabilisée "tu as vraiment perdu toutes compétences relationnelles, ma pauvre", "la faute à la pandémie, ma chérie, si plus personne ne comprend ce que tu dis", "tu es trop vieille aussi, les confinements t'ont volé deux ans".


Le rôle des bilans n'est pas de pleurnicher sur son sort, c'est de donner envie de repartir. L'envie de repartir m'est venue d'une rencontre : je cherchais de la paille pour mon potager, c'est Paul Bouchet qui m'a approvisionnée gentiment ; le livre que je lui avais apporté en remerciement, il l'a prêté à un voisin qui m'a appelée pour me féliciter (sauf de la ponctuation, sur laquelle il n'est pas d'accord avec moi !). La clé, c'est l'échange ! De bons procédés, de paroles, de débats, de chaleur humaine.


Ce matin, j'ai proposé "mes vacances sur la ligne 21 des TCL" en dépôt au Tabac de Lissieu. Bientôt une signature, des rencontres. Et déjà Manon qui m'avait servie et qui est dans le livre, qui me parle et qui est contente que je le lui offre. Un brin de bonheur sur ma journée.


* sept livres collectifs :

texte uniquement Photos et texte



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