Si Robinson vous donne le bourdon, allez faire un tour chez Ulysse.
"Quelques robinsonnades décrivent des situations de régression, le traumatisme du naufrage, les affres de la solitude ... Elles sont rares. Les robinsonnades sont avant tout des récits d’initiation et à ce titre elles mettent en scène de préférence le courage, l’opiniâtreté, la maîtrise de soi, la créativité, l’instinct de conservation…" Rémi Barba
Rien de tout ça chez Ulysse, même s'il fait, lui aussi, preuve de ces qualités mais surtout de curiosité et de ruse. Le monde d'Ulysse, il est vrai, est peuplé, très peuplé, de dangers, de démons, de monstres, de tentations, d'opportunités. Ulysses a des compagnons et Ulysse est mobile. Ulysse observe et s'adapte, son optimisme le pousse toujours à aller voir ailleurs pour découvrir autre chose.
A la psychorigidité et à l'immobilité de Robinson, il oppose l'ivresse de la découverte. Aux peurs de Robinson, peur de manquer, peur de ne pas laisser de trace, peur de perdre ses repères (les premières choses que font les robinsons sont souvent de se créer un calendrier et de trouver du papier et de l'encre pour écrire leur journal !), peur de l'étranger (le cannibale, le sauvage), peur de la nature, Ulysse oppose la peur de lui-même, de ses désirs, de sa violence.
Ulysse ne se fait-il pas attacher au mat pour échapper au chant des sirènes quand Robinson chérit son arbre calendrier et les nombreuses clôtures qu'il a érigées sur son île pour se protéger ?
La poésie d'Homère vous emportera comme ne le fera jamais le manuel de survie de Robinson, initiatique certes, mais tristement terre-à-terre.
Un petit test pour finir ? Paru en 2011 dans Télé7 jours et publié par robinsons.over-blog.com
Et si vous n'avez pas le courage de lire Homère, vous pouvez toujours dévorer "le roman d'Ulysse" de Simone Bertière. C'est un livre délicieux qui vous remettra en mémoire les aventures d'Ulysse et vous expliquera même sans didactisme tout ce que vous n'avez pas compris dans l'Iliade et l'Odyssée.