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  • Danièle Godard-Livet

Utopies du XXeme siècle


photo aérienne du kibboutz Bar'am google maps

Il y a cinquante ans, je cueillais des pêches au kibboutz Bar'am et je ne suis pas allée regarder la retransmission de l'alunissage dans le grand réfectoire collectif (cela ne devait pas me sembler important mais la date reste quand même un repère dans ma petite histoire personnelle). Cette année-là ou l'année suivante j'aurais voulu participer à la grande zafra à Cuba; cela ne s'est pas fait.

Ba'ram c'était plus simple, on y parlait encore français.

Aujourd'hui, je suis retournée à Ba'ram avec Google maps pour voir ce qu'était devenu le kibboutz. Je ne reconnais pas grand chose, sauf la piscine, le grand réfectoire et les logements pour travailleurs étrangers. Cultive-t-on encore des pêches ? Je ne vois plus que des kiwis, un article de 2013 signale des pommes, des poires, des amandes et des citrons et une production de 5 000 tonnes de fruits. Il ne semble plus y avoir d'élevage de volailles mais un vaste atelier de fabrication d'instruments médicaux.

Je savais alors que Ba'ram était tout près de la frontière libanaise (les israëliens avaient obligation de prendre les autostoppeurs à la tombée du jour, ce qu'il ne faisaient pas); je sais depuis que le kibboutz avait été construit sur un village chrétien maronite dont il ne reste que l'église.

Grâce à un ami parisien rencontré sur place, j'avais accès à la maison de son frère qui venait d'immigrer en Israël et je voyais d'un peu plus près la vie collective et le retour des enfants après leur journée dans la maison des enfants. Les cigarettes (Nadiv) et le café nous étaient offerts dans nos baraquements mixtes à lits superposés. On discutait surtout entre travailleurs étrangers dont certains en partance pour l'Inde ou d'autres grands périples, les mieux payés qui étaient affectés aux poulaillers qu'il fallait nettoyer au lance-flamme entre deux bandes d'animaux à cause des serpents.

Bar'am se dit toujours "village des purs" et n'a renoncé qu'en 1996 au concept de maison des enfants. Les membres mangent toujours gratuitement au restaurant collectif (au moins à midi), font la cuisine, le service et la vaisselle (c'est du moins ce que nous faisions) et possèdent une laverie collective (où j'ai eu aussi l'occasion de travailler).Ils n'ont toujours pas le droit de posséder personnellement une voiture ou une maison, perpétuant "ce qui aura peut-être été (avec la vie monastique chez les chrétiens) l’une des ambitions communautaires les plus abouties, les moins éphémères de notre histoire".

Le week-end, nous allions dormir au lac de Tibériade...qui semble toujours aussi beau au petit matin et où l'on peut toujours camper et faire du feu...loin des installations balnéaires. Je me souviens qu'on chapardait des raisins en guise de petit déjeuner; y-a-t-il toujours des vignes ?

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