Olliergues, si vous venez par la route, vous n’allez pas bien en profiter, vous allez voir un alignement de petites boutiques dont beaucoup sont fermées dans une rue principale qui n’est autre que la D 906 à qui l’on a donné dans la traversée du bourg le nom de rue du Maréchal Delattre de Tassigny.
Vous allez vous dire qu’il n’y a rien à voir. Comme la route tourne beaucoup et que vous êtes dans la vallée de la Dore, vous penserez peut-être qu’il y avait des remparts ou un méandre si vous êtes sensible à la lecture du paysage.
Pour voir, il faut descendre vers la Dore ou bien monter vers le château d’un côté de la rivière ou des maisons médiévales de l’autre côté par la rue pavée. Vous découvrirez alors un bourg industrieux qui s’est renouvelé du Moyen-âge au 20e siècle, utilisant la rivière pour sa force motrice : moulins, tanneries, tissages, petite mécanique, chirurgie dentaire, papeterie. Vous aimerez ces hautes maisons médiévales et leurs terrasses qui servaient de jardins et ces ateliers d’usines à pans coupés et à verrière encore à l’abandon attendant que la DRAC en fasse peut-être des ateliers d’artistes.
Vous vous demanderez si ce Provenchère qui signe les arrêtés municipaux est bien le descendant de cette famille qui fit fortune au moment de la Révolution dans le commerce des bois acheminés par la rivière jusqu’à Paris ou Nantes lors des crues hivernales. Vous sentirez tout ce travail humain et la peine séculaire des familles ouvrières pour enrichir quelques notables.
Et oui, regardez un peu ces montagnes à l'est, montagnes modestes, mais couvertes de bois modestes eux aussi, justes bons à faire des planches (les enquêtes lancées par Colbert en 1661 pour inventorier la forêt française à la recherche de beaux mâts pour la marine française le disaient déjà !). Autrefois, ils étaient descendus d'Escoutoux, de Lesvigne, Ste Agathe, Vollore, d'Augerolles, d'Aubusson, d'Olmet pour être convoyés par eau lors des crues de la Dore. Un de mes ancêtres qui pratiquait ce commerce du bois a été retrouvé noyé près de Saumur en 1811. Il s'appleait Antoine Lévigne et était né à Vollore-Montagne en 1757.
Il y a à Pont-du-Château (sur l'Allier) un musée discret qui rappelle cette tradition de la navigation sur la Dore et l'Allier.
Autre particularité de la vallée de la Dore, l'exceptionnel succès des photographes dans cette vallée auvergnate dès le début du XXe siècle. voir ici
Jean Gouttefangeas, né en 1882 à Olliergues, exerce tout d’abord le métier de coiffeur avant de découvrir la photographie au début du XXème siècle. Il s’enthousiasme pour cette nouvelle technique et abandonne son métier pour devenir photographe.
Au même moment, la carte postale est en train de conquérir le monde ; Gouttefangeas se lance alors dans l’édition de cartes postales consacrées à l’Auvergne et sa marque G. d’O. (un jeu de mots comme les coiffeurs les aiment ! Plutôt réussi dailleurs !) s’impose rapidement comme une référence dans la région. Pendant plus de 70 ans ses images d’Auvergne seront envoyées aux quatre coins de la France. Le livre qui lui a été consacré est malheureusement épuisé. Dimitri Berard, photographe auvergnat, semble avoir récupéré quelques plaques de Jean Gouttefangeas et les présente sur son site. Beaucoup de photos de paysans devant l'objectif, un paysage d'Olliergues aussi.
C'est à Cunlhat qu'étaient les éditions Fûdo qui éditèrent en 2006 deux livres de Jürgen Nefzger Hexagone 1. le paysage fabriqué, 2. le paysage consommé. Je crois qu'elles n'existent plus, tout comme les résidences d'artistes plasticiens qu'organisait la municipalité quand elle était encore de gauche.
Comentários