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  • Photo du rédacteurDanièle Godard-Livet

En participant aux journées européennes du patrimoine, Lissieu se réapproprie enfin son histoire


J'ai participé avec plaisir à la visite du château de Lissieu proposée samedi 17 septembre par un conseiller municipal. Je n'étais pas la seule, deux groupes d'au moins 20 personnes de tous âges ont suivi la visite.

On connaît les deux tours d'entrée dans l'ancien château et le donjon remanié, mais beaucoup moins l'importance du périmètre qui constitue le coeur compact du centre bourg de Lissieu.

Un schéma distribué aux participants servait à figurer l'ensemble, autrefois ceint de murailles, qui comprenait l'église et le cimetière (ancien) derrière les fortifications disparues, mais aussi le gros bâtiment carré dit de haute cour et les maisons de basse cour. Schéma un peu faux car l'église est mal orientée, mais qui donne une idée de l'ensemble. Bien sûr, il y eut aussi des dates et des explications sur les méthodes de défense à travers les âges comme dans toutes les visites historiques, mais le plus intéressant reste ces bâtiments au centre de l'enceinte.

Les bâtiments de haute et basse-cour délaissés par les châtelains(1) pour occuper le château de la roue construit à partir de 1775 par Nicolas Mermier seigneur de l'époque, bâtiments cédés aux habitants de Lissieu qui sont toujours occupés et c'est sans doute une exception toute particulière à Lissieu. On n'en visite malheureusement qu'une minuscule partie à la base du donjon. On aimerait en savoir plus sur ceux qui ont vécu dans ces bâtiments depuis leur abandon par les châtelains et accéder à la cour intérieure du bâtiment, la haute-cour .


En 1786, le curé de Lissieu occupait pour sa réserve de bois un petit appenti dont il parle ainsi (peut-être est-ce ce jardinet orienté au sud accolé aux bâtiments de haute cour où pousse aujourd'hui un très beau prunier ?) :

"Je soussigné curé de la paroisse de Lissieu en lyonnois reconnaît n'avoir aucun droit sur le petit emplacement clos de murs en partie couvert de cadettes qui fait l'enceinte des fonds de l'ancien château de ladite paroisse qui joint le chemin qui conduit à l'église de matin et midi et pour les autres confins les autres bâtiments dudit château, n'ayant qu'une porte du côté de midi avec sa serrure; et que c'est par pure complaisance que Mr Lambert (2) seigneur de ladite paroisse et possesseur dudit château et emplacement m'a permis de m'en servir comme d'une espèce de dépos pour le bois à condition que j'aurais soin des couverts desdits fonds et d'entretenir la porte et la serrure dudit emplacement, que ledit seigneur ou autre possesseur dudit château sera le maître de retirer son consentement quand bon lui semblera. à Lissieu le .... 1786 Truchard curé de Lissieu" (BMS Lissieu 1786 archives du Rhône)


J'ai repris le schéma proposé pour retrouver au fil du temps l'évolution du centre bourg (enceinte entourée de rouge) où l'on voit clairement entre 1825 et aujourdhui la densification des constructions, la création d'une rue (rue de l'église), de cheminement et de places (place des tours) dans ce qui était l'ancienne enceinte. La route nationale et le chemin de montluzin n'ont pas bougé et peuvent servir de repère, comme le jardin de la cure qui garde une belle taille.




Dans la suite de la journée, l'après-midi proposait une visite de la glacière de Bois-Dieu remise en état par des bénévoles et impressionnante par son puits circulaire profond de Plus de 4m. Le souci avec la glacière, c'est de savoir comment y aller... et bien qu'habitant depuis 25 ans Lissieu, je ne le savais que depuis cet été car il faut consulter le plan des randonnées pour en trouver l'accès. A noter que le très beau livret "Lissieu dans le secret des pierres" était distribué à tous les participants aux visites, belle initiative.

Pour ceux qui n'ont pas eu le plaisir d'entendre Michel Matray, le président passionné de restauration du petit patrimoine :


Bravo à la mairie de Lissieu pour cette journée, en espérant que cet intérêt pour l'histoire du village continuera.


(1) en vingt ans le château et fief de Lissieu eurent quatre propriétaires : jean François Tolozan le vend en 1771 à Nicolas Mermier qui le revend en 1778 à Joseph Henri Lambert qui le revend en 1790 à son beau-père Jean Alexis Guyot. C'est son fils Joseph Henri Guyot annobli par la restauration qui deviendra Guyot de Lissieu et maire de Lissieu de 1826 à 1827.Mort à 24 ans, sa tombe en marbre se trouve contre le mur sud de l'église. Le mari de sa soeur Théodore du Rozier (lui aussi maire de Lissieu de 1827 à 1830) vendra en 1836 l'ensemble des terres et châteaux de Lissieu, la Roue et Montfrot (soit 115 ha) après la mort précoce de sa femme en 1833.(histoire du château de la Roue, document dactylographié non signé remis par Ginette Velar)


(2) le Fief plusieurs fois vendu au 18eme siècle, puis la transmission familiale des terres de Lissieu après la révolution occulte l'épisode révolutionnaire qui pour n'avoir ps porté atteinte aux biens, vit périr de nombreux nobles des alentours décapités, fusillés ou mitraillés par la Convention lors du siège de Lyon en 1793.

Joseph Henri Lambert ancien seigneur de Lissieu périt sous les canons chargés de mitraille le 13 décembre 1793 dénoncé avec son fils "bossu et bancal sous lenom du citoyen Dufrène, et dont les trois autres frères sont émigrés" par un courrier venu de Paris comme "contre-révolutionnaire et ancien noble "résidant alors à Ste foy les lyon et déjeunant souvent chez le citoyen Bertier par delà le pont Morant et chez M. Fulchiron aussi négociant mais pas aristocrate". L'oncle et les cousins de son épouse Pierre gabriel Clerico de Janzé et ses fils Jean et Camille furent condamné, le père, considéré comme agriculteur, guillotiné et ses deux fils, ayant pris part aux combats du siège, fusillés.

Le beau frère de Nicolas Mermier, précédent seigneur de Lissieu jusqu'en 1778, Laurent Basset de la pappe connut le même sort le 5 décembre 1793. Le sort de Nicolas Mermier reste inconnu.

Jean claude Riverieux de Varax seigneur de Marcilly, Plambost et Ars le 5 janvier 1794. les habitants de Marcilly, maire en tête, essayèrent même de plaider en sa faveur sans succès. Son père et un de ses frères subirent le même sort comme ex-noble et contre révolutionnaire, de surcroît très riche et soupsonné d'avoir fourni de l'argent pour les frais du siège de la ville. (tableau général des vistimes et martyrs de la révolution en Lyonnais Forez et Beaujolais, spécialement sous le régime de la terreur 1793-1794)


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