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Photo du rédacteurDanièle Godard-Livet

Isolement- jour 16

Dernière mise à jour : 2 avr. 2020


Le fermeture de l'aéroport d'Orly hier, vu à la télévision, m'a fait repensé au beau roman d'Emily St John Mandel paru en 2016 dans lequel une grippe très contagieuse tue 99% de la population. Dans ce roman, les aéroports désertés et les avions parqués jouent un rôle de refuge et d'abri pour certains survivants. La parole est à la dystopie d'Emily St John Mandel. Restons chez nous !

"Plus de plongeons dans des piscines d'eau chlorée éclairées en vert par en dessous. Plus de matchs de base-ball disputés à la lumière des projecteurs. Plus de luminaires extérieurs, sur les vérandas, attirant les papillons de nuit les soirs d'été. Plus de trains filant à toute allure sous la surface des métropoles, mus par la puissance impressionnante du troisième rail. Plus de villes. Plus de films, sauf rarement, sauf avec un générateur noyant la moitié des dialogues - et encore, seulement les tout premiers temps, jusqu'à ce que le fuel pour les générateurs s'épuise, parce que l'essence pour voitures s'évente au bout de deux ou trois ans. Le carburant d'aviation dure plus longtemps, mais c'était difficile de s'en procurer.
Plus d'écrans qui brillent dans la semi-obscurité lorsque des spectateurs lèvent leurs portables au-dessus de la foule pour photographier des groupes en concert. Plus de scènes éclairées par des halogènes couleur bonbon, plus d'électro, de punk, de guitares électriques.
Plus de produits pharmaceutiques. Plus aucune garantie de survivre à une égratignure à la main, à une morsure de chien, à une coupure qu'on s'est faite au doigt en éminçant des légumes pour le dîner.
Plus de transports aériens. Plus de villes entrevues du ciel à travers les hublots, scintillement de lumières ; plus moyen d'imaginer, neuf mille mètres plus bas, les vies éclairées en cet instant par lesdites lumières. Plus d'avions....
Plus de pays, les frontières n'étant pas gardées....
Plus d'internet. Plus de réseaux sociaux, plus moyen de faire défiler sur l'écran les litanies de rêves, d'espoirs fiévreux, des photos de déjeuners, des appels à l'aide, des expressions de satisfaction, des mises à jour sur le statut des relations amoureuses grâce à des icônes en forme de cœur - brisé ou intact -, des projets de rendez-vous, des supplications, des plaintes, des désirs, des photos de bébés déguisés en ours ou en poivrons pour Halloween. Plus moyen de lire ni de commenter les récits de la vie d'autrui et de se sentir ainsi un peu moins seul chez soi. Plus d'avatars.
Emily St John Mandel, Station Eleven, Payot et Rivages 2016

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1 comentário


hanna.koch
04 de abr. de 2020

Bonjour Danièle , tu me diras que je ne suis pas très curieuse , mais si maintenant j'ai enfin regardé ton blog et je me suis inscrite avec un mot de passe hi!hi! Merci mille fois pour ces commentaires quotidiens , tout à fait d’à propos que vont nous aider à se retrouver dans toute cette histoire plus tard .. Pour ma part , je suis reflechis également à écrire un peu surtout sur les événements à Dieulefit où une solidarité sans faille s'est à nouveau mise en place . Mais mes journées sont bien chargées ..

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