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  • Photo du rédacteurDanièle Godard-Livet

L'histoire des gardes-champêtres à Lissieu


Institution de la Révolution, premier fonctionnaire communal que chaque commune devait obligatoirement recruter jusqu'en 1958, les gardes-champêtres souvent décriés et méconnus ont une histoire et existent encore retrouvant même de nouvelles fonctions dans certaines municipalités. Ecoutons leur histoire à Lissieu :


En 1802 Lissieu ne possède toujours pas de garde champêtre alors que la loi lui en fait obligation depuis 1795. En conséquence, les citoyens Guyot et Philipon demandent à bénéficier du garde champêtre de Chasselay dénommé Béraudière pour garder leurs propriétés.

"vu les lois du 6 octbre 1791 et du 20 messidor an 3 arrête
les citoyens Guyot et Philipon sont autorisés avoir pour garde-champêtre de leurs propriétés particulières le citoyen Beraudière garde-champêtre de la commune de Chasselay
L eprésent sera engregistré à la mairie de Lissieu et au greffe de la justice de paix de Limonest
Fait à Lyon à la Préfecture le 14 prairial an 10
Enregistré à la mairie de Lissieu le 20 messidor an 10
Ferlat maire"


Lissieu est loin d'être la seule commune à ne pas avoir de garde champêtre.L'application de la loi du 20 messidor an 3 qui faisait à chaque commune obligation de recruter et de salarier un garde-champêtre connut d'énormes difficultés d'application du fait du manque de candidats pour un poste difficile et mal payé comme du fait de la réticence des mairies à gréver leur petit budget par une obligation de dépense dont l'utilité était contestée. Pour autant le ministère de l'Intérieur ne transigea jamais sur l'obligation, malgré son application très contestée.1 La défense de la propriété et le respect de l'ordre public sont à ce prix. A partir du consultat, Il sera, de plus, demandé que les candidats à la fonction soient des vérérans.


Le citoyen Verninac, Préfet du Rhône en 1801, parle ainsi de la police rurale*.


Ce n'est qu'en 1816 que Lissieu recrutera son premier garde champêtre en la personne de Gabriel Bony pour un salaire annuel de 250 F. Lequel gabriel Bony ne semble pas rester longtemps en fonction car en 1818 le conseil propose au choix du préfet deux candidats :

Hugues Richard, ancien brigadier de gendarmerie jouissant d'un traitement de retraite et Blaise Pinet propriétaire ayant aussi servi comme militaire pendant huit années; le salaire proposé est de 200 francs annuels au lieu de 250 Francs.

Le préfet choisira Hugues Richard,mais en 1821 le conseil demande la révocation du garde-champête Hugues Richard :

"Le conseil prenant en considération les réclamations qui s'élèvent contre le sieur Hugues Richard garde-champêtre a observé qu'il ne fait pas son service avec exactitude, qu'on le voit rarement parcourir les fonds de la commune pour veiller à la conservation des fruits et récoltes, qu'il s'y commet des dégats sans que le garde en constate aucunement, que tous les propriétaires témoignent leur mécontentement, qu'il y a environ deux ans qu'il lui avait été enjoint d'opter entre la fonction de garde champêtre et celle de cabaretier qui sont incompatibles attendu qu'il cherche à ménager les personnes qui peuvent lui donner du débit, que cette injonction lui avait été faite d'après les ordres de Monsieur le préfet, et que cependant il n'y a eu aucun égard, il en résulte que ce garde-champêtre n'est d'aucune utilité à la commune et le conseil municipal demande qu'il cesse ses fonctions et que le maire fasse de suite les diligences nécessaires auprès de Monsieur le préfet pour le prier de statuer à cet égard, sauf à pourvoir à l'avenir et lorsque le maire le jugera nécessaire à son remplacement
fait et délibéré à Lissieu ledit jour, et ont tous les membres signé avec le maire
Guyot, Pierre Brisson, Pinet, voisin Pinet, Duchamp, thibaud, Murat, sagniant, duchamp maire, charité"


Hugues Richard qui était natif d'Huez canton d'Oisans en Isère s'était marié à Chasselay en 1799, en tant que Brigadier en chef il était en poste à Montfort (alors commune de Chasselay); il fera le choix de rester aubergiste et c'est en tant que tel qu'il mariera sa fille en 1822 à un marchand de vin lyonnais pierre Piliot


En 1826 le conseil municipal demande au préfet de valider son choix de Jean Marie Perrin qui accepte le salaire de 150 F annuel et commencerait au premier juillet 1826. c'est sans doute le bon choix : jean Marie Perrin originaire de St Clément de Vals se mariera à Lissieu, y habitera à la Clôtre et sera garde champètre jusqu'à sa mort en 1849 à 70ans à l'hotel Dieu de Lyon, soit pendant 23 ans, durée de service qu'aucun garde-champêtre ne dépassera à Lissieu pendant tout le 19eme siècle. Beaucoup prendront leur fonction à un âge avancé (Georges Triomphe nommé à 58 ans,Charles Philippe Falcoz à 57 ans, François Delorme à 74 ans, Benoit Arguillière à 60 ans). On lui achètera un tambour, un costume, on lui fournira parfois un logement. Les salaires seront augmentés progressivement, et resteront une des charges récurrente de la comune. Il faudra attendre le 20eme siècle pour voir des gardes plus jeunes et 1958 pour que leur présence dans chaque commune ne soit plus obligatoire.1 Toutefois le cadre d'emploi existe toujours tout comme celui de policier municipal et leurs missions sont beaucoup lus larges que celles des ASVP.


1Les délits ruraux et leur répression sous la Révolution et le Consulat: Étude d'histoire économique Octave Festy Libraire marcel rivière 1956


*Description physique et politique du département du Rhône 1801 Raymond Verninac de Saint Maur(préfet du Rhône)


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