C'était un grand arbre rare, un pin blanc sans doute, fréquent aux Etats-Unis et dans les romans de Jim Harrison mais rare chez nous. Je ne l'avais jamais photographié en entier, comme on néglige de photographier ce qu'on croit éternel, les gens, les maisons, les arbres. Un jour pourtant, à son pied, un très beau champignon et lui au-dessus majestueux, j'avais fait la photo. C'était en novembre 2021. Il ne devait pas avoir plus de cinquante ans, l'âge du lotissement et de l'espace vert où on l'avait planté. Or sa longévité est en général de 200 à 400 ans et peut dépasser les 600 ans dans de très bonnes conditions. Certains auraient atteint les 1000 ans d'après des recherches.
Hier, il ne restait que des petits tas numérotés à la place de l'arbre débité. 1,2,3, 4, 5, 6 petits tas de butin de la dépouille du grand arbre qu'on s'était partagé en six parts égales, des gros morceaux et des plus petits, à peine de quoi bruler un mois dans sa cheminée.
Je sais bien que je m'occupe de ce qui ne me regarde pas, de ce qui nous regarde tous. On aurait dû le classer en arbre remarquable, on ne l'a pas fait ! Ainsi vont les choses de négligence en oublis et puis cela ne l'aurait sans doute pas vraiment protégé. Pourquoi l'avoir coupé ? Etait-il malade ? Menaçait-il qualques maisons ? Produisait-il trop de résine collante ? Génait-il quelqu'un ? Déplaisait-il à quelqu'un comme le grand frène du lotissement des cerisiers abattu sans concertation aucune ? Ceux à qui il déplaisait ont déménagé depuis longtemps ! Projette-t-on un parking ou des habitations à sa place ? Veut-on le rempacer par quelque arbre exotique ?
Adieu, unique pin blanc de Lissieu !
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