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  • Danièle Godard-Livet

Deux expositions parisiennes de Claudine Doury


sur le fleuve amour kabharovsk 1991 claudine Doury

Beaucoup de photos de Claudine Doury me bouleversent comme celle de la petite fille dans une voiture verte chargée, en partance sur un bac. Il y a le regard, le mauvais temps, l'immensité qu'on devine et un voyage pour un ailleurs dont on ne saura rien. Toute une histoire à inventer malgré (grâce) le cadrage serré qui ne montre presque rien. Toute une ambiance grâce aux couleurs subtiles mais éteintes comme satutrées d'air du temps. On est en Russie, il y a presque trente ans, tout près de la Chine et pas si loin du Japon, le long du fleuve Amour, mais on pourrait être n'importe où, partout où des gens prennent des ferries avec des voitures chargées. Bien qu'elle se soit fait connaître par ses photos prises en Sibérie "Peuples de Sibérie" Claudine Doury ne fait pas de photographies ethnographiques, encore moins folkloriques. Claudine Doury aime les bouts du monde et les îles, sans doute parce que les êtres y sont plus vrais.

Dans d'autres de ses photos, la gravité et la vulnérabilité des êtres dont elle saisit l'image est très dérangeante au premier abord. Des visages, des corps, adolescents le plus souvent, des cadres neutres et des regards qui oublient l'objectif, pas de sourire. Pas des photos volées mais des photos consenties, très troublantes. Claudine Doury dit vouloir saisir l'âge de tous les possibles, un paradis pas encore quitté, mais on peut y lire aussi toutes les défaites futures devant tant de fragilité, à moins que...

Car Claudine Doury n'est pas une contemplative, c'est une femme énergique qui aime la vie, qui parle vite et s'intéresse profondément aux gens. C'est aussi une formidable pédagogue qui sait aller chercher au-delà des apparences la vérité des êtres et les pousser dans leurs retranchements. Une guerrière à la manière d'un Dersou Ouzala ou de Jeremiah Johnson qui accorde plus de prix à la liberté qu'au confort et à la facilité, à la survie dans un monde hostile qu'aux pistes toutes tracées. J'aime son goût de comprendre le passage du temps sur les êtres et les choses et d'en rechercher les traces (y compris dans les documents d'archives). Je l'ai rencontrée à l'occasion d'un workshop photographique à Arles et j'ai bien l'intention de continuer à suivre les formations qu'elle anime.

Photographe rare, toutes ses images sont claires et lisibles, aucun détail inutile pour distraire le regard du sujet qu'elle vous montre; toutes pourtant vous embarquent dans une histoire et une réflexion. Des images qui restent et vous hantent. Des images qui font réfléchir à la condition humaine, des images philosophiques.

Parisiens, allez voir ses deux expositions :

- "le lond du fleuve amour" du 3 novembre au 1er décembre 2018 à la galerie particulière 16 rue du Perche 75003 Paris

- "Une odyssée sibérienne" du 27 octobre au 25 novembre 2018 à l'Académie des Beaux-Arts 23 quai Conti 75006 Paris

son site : https://www.claudinedoury.com

sa galerie : http://www.lagalerieparticuliere.com/

son agence : https://www.agencevu.com


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