Jérémy Liron au fort de Vaise
- Danièle Godard-Livet
- il y a 14 heures
- 2 min de lecture

Jérémy Liron exposait au fort de Vaise jusqu'au 27 juillet 2025, en sortie de la résidence qui l'y a retenu de mars à Juin. Une exposition intitulée "vue(s), vigie, voisinages".
Jérémy Liron est un peintre lyonnais, mais pas que, aussi écrivain, bloggeur, menuisier et ferronier à ses heures. Et très présent sur les réseaux sociaux où je le suis et où il partage les photos à partir desquelles il peindra...peut-être. Ses cahiers de vacances.
Trois choses m'avaient marquée lorsque j'avais vu pour la première fois au musée Dini en 2018 les peintures de Jérémy Liron.
D'abord, la taille de ses tableaux plusieurs fois assemblées en polypitques.
Ensuite, la capacité de ce tout jeune artiste à se confronter aux oeuvres de ses devanciers plus connus. Au musée Dini, c'était avec le peintre lyonnais jacques Truphemus.
Enfin, le fait que l'artiste très diplomé et très productif trouvait encore le temps d'enseigner les arts plastiques dans un collège.
J'avais ressenti immédiatement quelque chose devant les tableaux de Jérémy Liron, c'était figuratif, lumineux, agréable. Un regard qui nous donnait à voir le réel, les souvenirs, les émotions ; ressenti positif face à la mer, au ciel, au soleil et aux ombres du sud qui convoque nos propres souvenirs (réels ou imaginés) ou moins positif quand face à des architectures froides et vides, des fenêtres, des reflets, des superpositions qui entravent la perception.


Au fort de Vaise, j'ai peut-être été un peu déçue par des tableaux de plus petite taille, moins lumineux qui reprenaient les obsessions des cadres, portes, fenêtres et l'intrication de l'architecture remarquable et de la végétation.
Un seul tableau sans doute m'interroge : la superposition du fort St Jean (imposant batiment sur l'autre rive de la Saône) et de la vue plongeante que l'on a du fort de Vaise sur la berge en contrebas. Comme une impression d'inabouti pour ce qui aurait pu être l'objet de grands polyptyques. J'en sors avec la désagréable impression que la dureté du métier d'artiste obligerait à contraindre sa créativité et à s'astreindre au cahier des charges et aux moyens des résidences qui retiennent un artiste parmi 200 candidats. J'en repars en oubliant d'acheter le catalogue (sans doute peu visible), j'achète à la place le livre écrit avec François Bon "Face mer"
Pour ne pas rester sur une déception, je fouine sur internet et découvre des interviews, des paroles d'artistes, des réflexions sur le métier de peintre en France aujourd'hui, sur le rapport entre la photographie et d'autres formes d'images. Une plongée dans la France picturale d'aujourd'hui. Depuis 2021, la chaine Youtube du bouillonant Thomas Lévy-Lasne les apparences. Instructive, dynamique et réjouissante qui traite des artistes comme des collectionneurs, de l'histoire de la peinture comme de la formation aux Beaux arts, de la technique comme de l'inspiration, des évènements passés comme des aspirations pour le futur. Et le 19 septembre 2024 le jour des peintres au musée d'Orsay avec 80 artistes contemporains. Une plongée passionnante dans le monde des arts visuels qui pèse plus que d'autres secteurs artistiques tant en nombre d'actifs qu'en chiffre d'affaires et dont on parlerait moins. Une exploration à poursuivre.
Ci-dessous statistiques présentées à l'occasion du jour des peintres.


Bravo, Danièle, pour cette critique d'art plastique très sensible et très recherchée