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Photo du rédacteurDanièle Godard-Livet

Questionnement


J'avais choisi d'écrire un livre autour d'un lieu de Guyane qui m'a marquée : le marais de Kaw. Plus j'avançais et plus je découvrais que je pouvais trouver de la matière documentaire historique pour alimenter mon projet (recherches archéologiques récentes, photographes de Guyane, revues coloniales sur Gallica )...et tout ce qu'il y a de non-dit et d'ambigu dans l'imaginaire colonial et esclavagiste français depuis le code noir de Louis XIV (1685) ou de l'un des plus célèbre poème français L'invitation au voyage de Charles Baudelaire (1857) en passant par bien d'autres textes jusqu'à aujourd'hui :


« Mon enfant, ma sœur,

Songe à la douceur

D’aller là-bas vivre ensemble !

Aimer à loisir,

Aimer et mourir

Au pays qui te ressemble !

Les soleils mouillés

De ces ciels brouillés

Pour mon esprit ont les charmes

Si mystérieux

De tes traîtres yeux,

Brillant à travers leurs larmes. »


Mon projet avançait cahin-caha, plus cahin que caha, mais je pensais que je trouverais bien une manière de pousser plus loin. C'est alors que j'ai découvert Les Terres noyées d'une auteur Guyanaise, médecin urgentiste, ouvrage de 600 pages couronné du prix du roman historique en 2006, grand succès de librairie et réédité cette année de surcroît. Les Terres noyées se passe exactement là où je voulais placer les recherches de mon personnage principal, les terres noyées de l'Approuague où des tentatives de poldérisation ont donné des résultats autour de l'habitation-modèle Le Collège, créée par Jean Samuel Guisan. Voici la quatrième de couverture :


Eté 1785. Marcelle, esclave sur l'habitation " Le Collège " voit  s'accomplir un prodige : son fils Théo lui est mystérieusement restitué.  Ce même été, Alexandre et Charles, deux frères de petite noblesse  désargentée, viennent s'installer sur les terres marécageuses de  l'Approuague pour y bâtir une habitation pour le compte du baron de  Bessner leur cousin, gouverneur de la colonie, dont les fonctions lui  interdisent d'être " habitant ". La Guyane est une colonie peu prospère  et la vie sur les terres noyées est éprouvante. Charles et Alexandre, de  caractère totalement opposé, devront apprendre à vivre ensemble, à  diriger un atelier d'une centaine d'esclaves et tenter de faire leur  chemin sur une terre qui peut parfois s'avérer hostile, à la veille de  la première abolition de l'esclavage.

Vais-je passer mon été à lire Les Terres noyées avant de me remettre à écrire ou accepter mon besoin de documentation pour écrire ? J'ai honte parfois d'avoir tant besoin de me documenter pour écrire comme si j'avais envie de béquilles. Pourtant me documenter fait partie de mon plaisir d'écrire, de creuser, de découvrir. D'autres font appel à des références, des réminiscences qu'ils portent en eux. j'en ai aussi, mais mon plaisir est plus grand à me replonger dans un univers précis qui n'est pas le mien pour développer ces sortes de pressentiments qui me conduisent à écrire.

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