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  • Photo du rédacteurDanièle Godard-Livet

Suivre les patriotes avec Mériol Lehmann et Jules Verne


Qui est allé à Montréal dans les vingt dernières années s'est forcément posé la question de savoir qui étaient ces patriotes à qui l'on consacrait une journée en mai. J'avais retenu un nom Papineau et une révolte des canadiens français dans les années 1830. Bizarrement, ce sont les photos de Mériol Lehmann qui m'ont conduite au roman de Jules Verne "Famille sans nom" qui s'inspire de cette rébellion contre le pouvoir anglais (l'esprit a des ces détours !).

Ce roman presque inconnu de Jules Verne paru en 1888 en France, sans grand retentissement, a été republié au Québec dans les années 70... comme un manifeste pour le Québec libre.

Le mystère reste entier de savoir pourquoi Jules Verne s'est passionné pour le Canada au point de consacrer à ce pays trois romans (Le pays de fourrures, le volcan d'or et famille sans nom) alors qu'il n'y a passé que 24 heures au bord des chutes du Niagara. Fort d'une solide documentation livresque et journalistique comme à son habitude, il souhaite visiblement faire oeuvre pédagogique (géographique, sociologique, historique); ce qui n'exclut pas des erreurs patiemment collationnées par un lecteur attentif.


Le Canada des grands lacs, c'était pour Jules Verne le pays de Fenimore Cooper qu'il admirait beaucoup et qu'il cite plusieurs fois dans le roman ; approximation toute personnelle à Jules Verne qui lui permet de mettre en scène lui aussi les peuples premiers dans le savoureux personnage de maître Nick, bon notaire de Montréal et descendants d'indiens Hurons, que son peuple va appeler à succéder au chef de la tribu défunt et qui fera tout pour échapper à cette nouvelle charge.

Mais revenons aux Patriotes qui n'étaient pas comme je le croyais des paysans pauvres rassemblés dans une jacquerie sanguinaire. C'était tout au contraire des élites intellectuelles et commerçantes franco-canadiennes et des paysans prospères (quoique au service de grands propriétaires) qui se battaient pour le respect de leurs droits démocratiques (Louis Joseph Papineau était député) bafoués par la chambre des députés à majorité anglo-canadienne et sous le contrôle du gouverneur anglophone et de la reine d'Angleterre. Un mélange de vrais républicains épris des idéaux de la révolution française et de bons conservateurs, bien arrimés à l'Eglise ( à qui ils payaient encore la dime) et fervents défenseurs des familles très nombreuses (la famille Harcher qui apparaît dans le roman en compte 26 ; on baptise le dernier, quand des filles font leur communion et qu'on en marie une autre !), prêts à respecter l'ordre établi si leurs députés avaient été entendus. Porteurs de valeurs auxquelles Jules Verne est sensible comme il le montre amplement dans la description de cette famille.

Les Patriotes n'ont remporté qu'une bataille devant l'armée britannique à Saint-Denis- sur-Richelieu et les vastes plaines que photographie Mériol Lehmann ne les ont sans doute pas aidés à dissimuler leurs maigres troupes. L'aide américaine n'est pas venue (mais certains ont pu se réfugier aux Etats-Unis), les indiens sont restés neutres, l'Eglise a appelé au ralliement aux anglais et la France avait d'autres soucis à l'époque.


C'est sans doute le patriote Jules Verne qui s'est ému, cinquante ans après les faits, du sort des franco-canadiens abandonnés de tous alors qu'ils défendaient de si nobles valeurs. La France aussi venait de perdre en 1870 lamentablement une guerre contre l'Allemagne, en seulement six semaines. Jules Verne arrête son histoire en 1837 et fait mourir son héros dans les chutes du Niagara !!! Il passe sous silence la déclaration d'indépendance de 1838 et l'instauration de la république du bas-canada... qui fut certes de courte durée et ne répondait sans doute pas aux valeurs de Jules Verne, moins républicain que patriote.



Sortons de la fiction pour revenir à l'histoire. Aujourd'hui, La route 133, de la frontière américaine à Sorel, est appelée "chemin des patriotes" et la maison des patriotes est à Saint-Denis-sur-Richelieu. En 2002, le nom du jour férié québécois fête de Dollard a été changé pour la Journée nationale des Patriotes et a lieu le lundi précédant le 25 mai. À propos de ce changement de dénomination, un auteur québécois a émis l'opinion que « la commémoration des résistances patriotes, qui remplace la fête de Dollard depuis 2002, [...] ne porte pas injure aux ancêtres de nos concitoyens et concitoyennes d'appartenance iroquoise, à l'inverse de l'ancienne célébration ». En Ontario français, fête de Dollard est toujours utilisé par les Franco-Ontariens en dépit du nom officiel de ce même lundi, fête de la Reine (Victoria Day en anglais), officiellement reconnu par le gouvernement de l'Ontario. (source Wikipédia).


Le Canada-Uni est créé en 1840 à la suite de l'Acte d'Union. L'Acte vise à assimiler les Canadiens français pour empêcher toute récidive en les submergeant dans une mer anglaise toujours en augmentation grâce à l'immigration venant du Royaume-Uni.

La Province du Canada ou Canada-Uni naît de l'union législative des provinces du Haut-Canada (Ontario) et du Bas-Canada (Québec) en février 1841. L'incendie du parlement par les Canadiens anglais loyalistes se produit le soir du 25 avril 1849 pour protester contre la loi récemment votée visant à indemniser les personnes qui ont subi des pertes matérielles au cours des conflits de 1837-1838. (source Wikipédia)

Et si vous n'aimez pas lire, l'histoire racontée en images :


Il faudra un jour que je comprenne quand et comment les canadiens se sont débarrassés de la féodalité, mais ce sera pour une autre fois ; à moins que mes amis de la Nouvelle France me l'expliquent.

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